samedi 29 mars 2008

Quelques exemples de témoignages

Cyril Lorens

Jean-Jacques Rousseau, “mon pote à moi”...

Mes années lycée ont été pour moi synonyme de belles rencontres !
J’y ai découvert de vraies personnes qui m’ont aidé à me construire.
En ce qui concerne mes études, ce fut tout le contraire...
La filière économique me semblait être la moins pire.... Alors, je me suis économisé...

Au fur et à mesure des années, je me demandais ce que j’allais devenir... Moi, ce que je voulais, c’était faire de la musique, composer...

Je passais les classes avec juste la moyenne. Il me fallait mon bac (enfin c’est ce qu’on m’a toujours dit).

Le BAC en poche, la FAC me proposait une filière musique que je ne pouvais pas refuser : quelle erreur de jeunesse !

Si vous ne savez pas quoi faire, faites musicologie, c’est la voie des sans direction fixe (SDF).

Bon, on l’aura compris, le système scolaire n’était pas pour moi. Alors, je me suis dit : “trouve un boulot”.

J’en ai parlé à un pote qui m’a trouvé un job en or... noire: “pompiste”.

Mais, dans le même laps de temps, j’ai fait un stage dans une agence de communication. Le premier jour, l’ingénieur du son m’a dit : “j’ai besoin d’un remplaçant”. Deux semaines plus tard, j’enregistrais et dirigeais les plus grandes voix françaises : Richard Darbois,(voix NRJ), Julie Bataille (70 imitations à son actif), Magali Barney (Voix Alyssa Milano)...

Le grand écart TOTAL !

Après ma vie d’intermittent du spectacle, j’ai monté ma propre société audiovisuelle.

Pendant 3 ans, j’ai travaillé à la réalisation de spots publicitaires TV, radio, cinéma, multimédia...

Puis, un beau jour, j’en ai eu assez de rencontrer des gens déconnectés... Ces personnes n’ont jamais croisé de pitbull de leur vie...

Alors, j’ai démonté ma boîte et fait un break de deux ans. Cette période m’a permis de monter un projet que j’avais dans la tête et qui, aujourd’hui, est en train d’avancer d’une très belle façon

Il s’agit de mon association : “ MOTEUR DE TALENTS “. Cette association a pour but d’aider toutes formes d’expressions culturelles, sociales et artistiques. Ce qui m’intéresse c’est de créer, composer, mélanger les styles et les expériences, échanger et partager avec tous...

La première action de l’association a été réalisée à Sarcelles. Il était très important pour moi de revenir dans cette ville !

Je suis intervenu au collège Jean LURCAT pour aider des élèves de troisième à préparer leurs entretiens d’admission aux écoles. Je leur ai enseigné des techniques d’acteur, de bien-être... pour les aider à gérer leur stress, à reprendre confiance en eux, à contrôler leur position...

Je retrouve les énergies du lycée que j’aime !

Voilà pourquoi, Jean-Jacques est “mon pote à moi”...

Gaëlle Baldassari

1/ Je réalise en écrivant ces lignes que ces années furent comme un grand vent de liberté dans ma vie, tous les possibles s’ouvraient à moi sans impératif de rentabilité immédiate.

2/ Après le bac, tout est allé très vite… entrée à la fac, premier job, premier appart’, les responsabilités, tout s’accélère, comme si le temps avait pris un tremplin olympique.

3/ Aujourd’hui, je suis responsable du marché des Petites et Moyennes Associations au Crédit Coopératif (banque). Je viens en appui de toutes les agences du Crédit Coopératif pour développer cette clientèle. Concrètement, je créé des nouveaux produits et services bancaires, je réponds aux demandes des agences et je forme les chargés de clientèle à conseiller le mieux possible les associations. De manière plus globale, je contribue, avec toutes les directions de marché, à l’évolution de la stratégie commerciale de mon entreprise.

4/ Ce métier est passionnant car il est transversal. Pour arriver à mon objectif (développer la clientèle dont je suis responsable), je travaille avec les représentants de tous les métiers de l’entreprise (marketing, tarification, risques, commerciaux, etc.) et je dois faire en sorte que tous aillent ensemble dans le sens du développement.

Le petit bémol est que je suis sollicitée par les équipes commerciales à qui je me fais un devoir de répondre rapidement car elles sont sur le terrain au contact direct des clients et j’ai parfois du mal à avancer sur les grands projets de fonds.

5/ Pour devenir responsable de marché, je vous donne mes trucs :

  1. Avoir une formation supérieure de type "Ecole de commerce" qui donne un bagage général en gestion, marketing, droit, management pour être à même de comprendre la globalité du poste.

  2. Commencer par un poste commercial en agence bancaire est une porte d’entrée intéressante pour découvrir le secteur.

  3. Passer par la voie de l’alternance permet d’avoir accès à une formation gratuite et d’être rémunéré. Ce choix offre aussi un avantage en terme d’expérience professionnelle avant l’entrée sur le marché du travail et rend les études post-bac un peu moins "scolaire". Un petit truc : les contrats de qualification et d’apprentissage sont beaucoup plus intéressant que les alternances sous forme de contrat de stage.


Ou tout autre itinéraire de vie pour peu que vous soyez curieux, autonome, que vous ayez la fibre commerciale, managériale et quelques notions de marketing.

6/ Les banques étant de grandes entreprises, il peut être tentant de se laisser glisser sur la vague de la carrière "classique" commerciale une fois en agence. Si vous voulez obtenir un poste différent, il s’agit d’être un bon professionnel et de parler de ses souhaits d’évolution pour que vos supérieurs pensent à vous si une opportunité se présente. N’hésitez pas non plus à regarder les offres d’emploi, à rester à l’écoute du marché professionnel en dehors de sa société.

7/ L’échec ou le changement de voie dans les études ne sont pas des fins en soi. J’ai commencé par un DEUG de biologie, j’ai fait un BTS commercial en alternance puis j’ai travaillé et j’ai repris des études. Il existe de multiples voies pour arriver à un travail intéressant et les changements quels qu’ils soient enrichissent.

8/ Un jour, alors que je travaillais depuis 6 ans, j’ai démissionné, j’ai fait mon sac à dos et je suis partie 1 an faire le tour du monde. Avoir réalisé mon rêve m’a permis de m’accomplir personnellement et de donner un tournant à ma carrière. Prendre du recul, faire ce dont on a envie et qu’on à plaisir à réaliser, est un chemin agréable, parfois risqué mais plein de surprises et de vie.

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Rachel Haddad (28 ans)
2nde, 1ère L, Tale L à Rousseau, baccalauréat: promo 1999

Le lycée? Une époque formidable: une bonne ambiance, des amis pour la vie et ... des cours! J'avais pas une idée très précise de ce que je voulais faire: profil littéraire classique avec latin et langues vivantes. En cherchant, j'ai fini par trouver: l'histoire de l'art. Jamais entendu parlé, je ne savais pas vraiment ce que ça voulait dire mais d'un coup, c'était une évidence. Même si aller au musée, c'était les visites interminables de Versailles du CP au CM2, j'étais attirée par cet univers.
Alors, je m'y suis mise et en terminale, j'ai révisé pour passer l'examen d'entrée à l'école du Louvre. Je l'ai raté et j''ai donc fait de l'histoire de l'art à la fac. Au début, je pensais étudier la Renaissance, les grands peintres italiens, les châteaux de Louis XIV etc... du grand art, quoi!

Mon premier cours d'art médiéval a été une véritable révélation: j'y suis allée à reculons mais en sortant, j'avais choisi ma spécialité! J'ai fait ma licence et parallèlement, j'ai commencé l'école du Louvre – cette fois, j'avais été prise, le tout en faisant du baby-sittng l'après midi. Une année difficile, des cours tout le temps, jongler entre le travail, l'école et la fac, les devoirs et les exposés d'un côté, les examens de l'autre, les amphis, les TD devant les oeuvres. Finalement, c'était deux types d'enseignement très différents et je suis ravie d'avoir connu les deux.

Et puis, j'ai décidé de partir à l'étranger: Jérusalem. J'ai fait le nécessaire: inscription à la fac, logement, équivalences, job... Je voulais quand même faire ma maitrise en France alors j'ai trouvé un sujet que je pouvais étudier en Israël. C'était du tonnerre! J'ai appris l'hébreu, j'ai fait de l'économie, de l'histoire politique, de la philo etc... A côté, j'étais serveuse, gouvernante, pionne, baby sitter, femme de ménage, commerciale...

J'ai eu ma maitrise à Paris et je suis entrée en master à Jérusalem. Encore une autre manière d'enseigner et en plus, une obligation de faire de la muséologie... La science des musées? Non, ça n'existe pas vraiment, ça mais ce sont des cours avec des professionnels qui vous expliquent ce qu'ils font et c'est très enrichissant. J'ai découvert qu'on pouvait faire de la recherche, diriger un département de musée, organiser des expositions, faire de la scénographie (monter la structure des expositions, les vitrines dans un musée...), être électricien spécialisé, donner des cours, être chimiste et travailler dans les laboratoires au service des musées, être artisan et devenir restaurateur, être juriste spécialisé dans la gestion du patrimoine public ou privé, être conseiller en investissement dans le domaine de l'art, être responsable de la surveillance et de l'accueil, être comissaire priseur. Un double cursus, c'est idéal pour les métiers du patrimoine.

Aujourd'hui, je suis en master de muséologie à Paris. Je veux être à un poste où je puisse contribuer à faire en sorte que les gens n'aient pas le décalage que j'ai connu en commençant mes études et qu'ils se sentent à leur place en visitant un musée, quel qu'il soit. Parce qu' il y en a pour tous les goûts: le musée Rodin, Christian Lacroix aux arts décoratifs, une exposition participative sur le hip hop au Mucem (Marseille), le musée de l'affiche, l'expo Babylone au Louvre, ou encore Giacometti ou Alfred Hitchcock au centre Pompidou, les rois de France à l'église de St Denis. C'est sûr, il faut s'informer et se bouger, et le faire tôt.

Il faut aussi profiter des rencontres qu'on fait dans son parcours. Finalement, ceux qui m'ont sensibilisée à tout ça, sans même le savoir, ce sont ces profs qui m'ont emmené à Versailles ou en Italie, ceux qui parfois, nous parlaient d'un tableau, nous montraient un film, une pièce de théâtre... et nous, on soufflait et on trouvait ça « trop naze »! Quand j'y pense alors que j'étudie pour être conservateur du patrimoine, ça me fait sourire.

A ceux qui me demandent encore à quoi ça sert ce genre de métier, je réponds: la vie est courte et l'art est bon!

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christelle Evita (30 ans)
Lycée Jean Jacques Rousseau 1993 1995

Une métaphore/une image pour décrire mes années lycée : la série Plus belle la vie !
Mes années au lycée sont parmi les plus belles de ma vie. Amusement, rigolade et bonnes notes. J'ai rencontré des gens qui aujourd'hui encore sont mes amies, des gens avec qui j'ai partagés mes secrets, mes joies, mes vacances, mes colères, mes peines.
J'ai obtenu mon baccalauréat L sans difficulté. Avec une petite mention « assez bien ».

Tout est devenu plus compliqué une fois sorti du lycée. Pourquoi ?
Au moins cinq raisons

  • 1/ On aurait dit qu'une espèce de coalition anti L s'était formée. Dès que j'annonçais que j'avais eu un bac L, les gens se déchaînaient : "les études L, ça ne mène à rien" "tu veux faire prof j'imagine. Qu'est-ce que tu peux faire d'autre de toutes façons?!" les L, vous aimez bien vous prendre la tête. Vous savez rien faire d'autre en fait". Ce genre de discours méprisants je les entendais chez les non L mais aussi chez les L !!

  • 2/ Face à mon entourage familial (parmi lequel aucun n'avait fait d'études longues), je culpabilisais de ne pas savoir ce que je voulais faire de ma vie comme on dit. Eux, à mon âge, bossaient tous. Moi, j'étais là à me demander quoi faire comme boulot. Alors j'ai tu mes angoisses et forcément, ça m'a encore plus angoissée !

  • 3/ je n'avais pas personne pour me rassurer et me déculpabiliser : "oui tu es une littéraire, oui tu sais analyser, synthétiser, réfléchir. Ce sont là tes forces, cultive-les et n'ai jamais honte d'avoir un profil littéraire." "C'est normal de ne pas savoir à ton âge. Si tu ne sais pas, surtout reste à l'école, ne fais pas de break. Ne t'inquiète pas, tu vas trouver." "Cultive et fais appel à ton réseau"

  • 4/ Je n'avais personne dans mon entourage proche de qui m'inspirer

  • 5/ je n'avais plus mes copines et ça me semblait insurmontable de me recréer des amitiés avec des gens issus d'un autre milieu social que le mien.

Mes années post lycée : Ken le survivant.
Au collège comme au lycée, je n'ai jamais su répondre à cette question : qu'est-ce que vous voulez faire plus tard ? Je détestais cette question!!! comment à 17 ans, pouvais-je savoir ce que je voulais faire pour le restant de mes jours ?!
Mais, je suis en terminale, je dois choisir. Je prends alors conseil auprès de mon mentor de l'époque : mon professeur de philosophie.

Ce dernier m'encourage à faire une classe préparatoire. Il me vend la chose en ces termes : « Faites une classe prépa Christelle. Vous aurez encore toutes les matières du lycée, hormis les sciences. Vous bénéficierez également de l'encadrement des professeurs. Ça vous laisse le temps de mûrir votre projet professionnel."
Il ne me dit rien du rythme infernal de la classe prépa, de la claque à l'ego (vos notes passent de 15 à 5). Mais cela n'est pas bien grave. Travailler, ça ne m'a jamais fait peur.
Par contre, mon professeur de philosophie me prévient : "Attention Christelle, quand vous aurez quitté le lycée, ce sera un nouveau monde. Plus rien ne sera comme avant, c'est une nouvelle étape dans votre vie."
Il avait pris un ton grave. Je n'ai compris que plus tard à quel point il avait raison !

Une année de classe préparatoire douloureuse : notes en chute libre, du travail par dessus la tête, mes nuits raccourcissent, je ne vois plus mes amies (forcément, on n'a pris des voies différentes). Une année physiquement et intellectuellement éprouvante, mais que je ne regrette pas.

J'obtiens une équivalence et arrive directement en deuxième année de DEUG de philosophie à la Sorbonne. Et c'est là que commencent les difficultés pour moi. Ça ne porte pas sur les cours ou les notes. Au contraire, après une classe préparatoire, problématiser, organiser le discours ou une démonstration, tout cela ne me pose plus vraiment de problème. Non, le drame de mes années à l'université, ce fut la solitude, le décalage social et l'angoisse grandissante de ne pas savoir ce que je voulais faire comme boulot.

Désormais, plus personne ne me posait cette question : "qu'est-ce que tu veux faire plus tard ?" Je me la posais toute seule et mon angoisse était terrible car pour envisager une quelconque réiorientation, il fallait bien que j'ai une petite idée de ce que je voulais faire plus comme profession !

Oui, j'adorais philosophie et me poser des questions sur la mort, la vérité, le rire, l'autre,le travail, la culture, la nature, etc. Cependant, je ne voulais pas l'enseigner et certainement pas comme cela m'était enseigné à la faculté ou j'étais. Tous ces profs mettaient en avant les ouvrages de Descartes, Leibniz et consorts mais jamais n'osait faire porter la rélexion ou les concepts sur la réalité. On aurait dit qu'ils prenaient un malin plaisir à être enfermé dans leur tour d'ivoire du savoir. Beurk!

Devant mon indécision persistante, je prends la sage décision de continuer en philosophie, plutôt que d'aller m'aventurer dans d'autres cursus. Entre temps, je revois plus facilement mes amies du lycée et je constate qu'elles aussi s'interrogent sur leur avenir. Ça me rassure de savoir que je ne suis pas seule à être paumée, que je ne suis pas une erreur de la nature !

À l'époque, je n'ai que quelques certitudes : je veux bien gagner ma vie, je veux être heureuse, je veux faire un boulot que j'aime, je ne veux pas me ruiner la santé en travaillant.
Ces certitudes se renforcent grâce aux petits boulots que j'occupe après mes heures de fac. Sucessivement Je vendrai des croissants, des frites, garderai des enfants, ferai du télémarketing, monitrice de colo. Grâce à ces petits jobs, j'ai rencontré des gens dont c'était le métier et qui le faisait par nécessité. Ils répétaient souvent : "Si j'avais pu faire des études ! Si j'avais pas déconné à l'école."
Tous
ces petits jobs m'ont fait comprendre instinctivement comment les diplômes pouvaient me mettre à l'abri de jobs très mal payés ou avec des perspectives d'évolution inexistantes. C'est peut-être cela qui m'a motivé à continuer mes études alors que je n'avais aucun projet professionnel et que je commençais à détester de plus en plus la manière dont la philosophie m'était enseigné à la faculté.

Finalement, tous ces concepts philosophiques ont pris tout leur sens quand j'occupais ces jobs alimentaires.

Soyons clairs : Je n'aurais jamais pu travailler de la sorte en CPGE ou en DEUG. Ce ne fut possible qu'à partir de la licence, c'est-à-dire quand j'avais moins d'heures de cours (20h par semaine).

DESS en apprentissage : LA LIBERATION
Je suis en DEA. La prochaine étape, c'est l'entrée dans la vie "active". Je ne peux plus continuer étudier en attendant de savoir ce que je veux faire. Désormais, je dois choisir. Soit je passe les concours de l'enseignement, soit je deviens chercheuse. Soit autre chose ? Mais quoi ?!! C'est la panique intégrale.

Je me confie à mon amie de toujours. Elle se trouve face au même dilemme. Elle me parle de formations en apprentissage accessible aux bac + 5... et même aux littéraires.

Je me confie à une autre amie (issue d'une école de commerce) qui m'apprend que le marketing c'est tout à fait possible pour les littéraires. "Ah bon ? Mais c'est quoi le marketing ?" Je me documente et j'en arrive à la conclusion que c'est : comment vendre aux gens des produits dont ils ont plus ou moins besoin. Je constate que c'est très large comme domaine. En effet, il peut s'agir de marketing

-> très matheux - financier : Combien je vends par rapport à mes concurrents ? Combien je peux espérer leur voler ?
-> ou au contraire du marketing plus littéraire - sciences humaines : pourquoi achetez-vous tel produit ?

Ma décision est prise. Je ferai du marketing
(pas forcément toute ma vie)

C'est parti pour une recherche effrenée aux DESS en apprentissage. Ma amie de toujours et moi repérons un certain nombre de formations. On choisit les meilleures : Dauphine, sciences Po Paris, ESCP-EAP. La sélection c'est : dossier (= toutes tes notes depuis le lycée, quelques lettres de recommandation) + entretien + parfois concours écrit.

C'est la crise. Encore.
-> ESCP-EAP, je réussis le concours écrit....mais j'échoue à l'entretien.
-> Dauphine, j'échoue dès le dépôt de dossier.
-> Ouf, je suis reçue à Sciences Po Paris.

Ensuite tout va très vite. Je réalise mon apprentissage dans une société d'études marketing qui m'embauche dès la fin de mon apprentissage en tant que chargé d'étdudes. Je serai chargée d'études pendant 3 ans et demi

Chargé d'études, c'est comprendre pourquoi et comment un consommateur achète tel pot de yaourt (vous pouvez remplacer pot de yaourt par n'importe quoi d'autre)
Qu'est-ce que je fais en tant que chargée d'études ? Comprendre les motivations des gens à acheter ou pas tel produit qui existe ou va être lancé. Au sein d'une équipe, j'interroge les gens en face à face ou au téléphone, je réalise les questionnaires, je rédige le rapport de résultats, je le présente au client commanditaire de l'étude.

Ce que j'ai adoré dans ce métier

  • discuter avec des gens très différents de moi.

  • découvrir des domaines très variés (le monde des dermatologues, des conseillères de vente en parfumerie, des professeurs, le monde l'énergie)

  • analyser les propos des gens que j'ai interviewés, comprendre leurs contradiction

  • aller présenter les résutlats à des clients du type l'Oreal, Gaz de france, etc. C'est très drôle de mettre des visages sur des marques, des produits

...tout cela m'a appris la tolérance, l'humilité et la remise en question.

Ce que j'ai détesté dans ce métier : il faut être solide dans sa tête, ne pas se laisser trop démonter par des histoires, des parcours de vie ou l'attitude désagréable des gens que vous interrogez quand cela touche à des sujets sensibles pour eux.

Après trois ans et demi en tant que chargé d'études, je veux changer. C'est que je m'ennuie vite. Certains parleraient d'instabilité, je parlerai davantage de besoin de nouveauté.

Je décide d'aller plus avant dans le marketing. Je veux toucher à ce qu'on appelle la stratégie marketing : quelle stratégie mettre en place pour toucher mes clients ? Quel produit leur vendre, à quel prix, de quelle manière (en leur écrivant, en les appelant) ?

Aujourd'hui j'occupe des fonctions de chef de marché/chef de produit chez Gaz de france.
Ce que j'adore dans mon métier

  • avoir l'idée de nouveaux produits pour les clients en fonction des besoins de ces derniers et des contraintes de la boite

  • rencontrer des professionnels issus d'univers différents

Ce que je déteste

  • traiter des dossiers dans l'urgence, sans prendre suffisamment le temps de la réflexion

  • préparer des dossiers et ce sont d'autres que toi qui les présentent

Je vais être honnête : je m'ennuie dans ce job ! Autrement dit, je me suis trompée

Je me tromperai encore.

C'est grave de se tromper ? Non on a le droit de se tromper.

L'essentiel, re-bon-dir !! donc, encore une fois, je cherche ce que je pourrai faire d'autre qui me plaise davantage.
Ma seule vraie erreur a été de croire -longtemps- qu'il ne fallait jamais se tromper, qu'il fallait être en tout parfait. J'ai confondu viser la perfection et être parfait, c'est bien. Quand j'ai enfin compris qu'on progressait également en se trompant, j'ai été plus en paix avec moi-même.

Quelques conseils :

  • Visez l'excellence. Filières courtes ou filières longues, littéraires, pas littéraires, visez toujours l'excellence, préférez les établissements et les formations les plus renommées.

  • Recherchez des formations en alternance. Ce n'est que du bonus. Vous étudiez et en même temps vous pouvez acquérir une expérience professionnelle. Ça facilite l'embauche et limite les longues périodes de chômage.

  • Ne détestez pas bêtement les maths/les chiffres : essayez de vous familiariser avec des notions financières basiques et de bon sens ( bénéfice, recette, dépense,compte de résultat, compte d'exploitation,etc). Quelque soit le job que vous occuperez plus tard, il vous faudra comprendre ne serait ce que grossièrement ce que recouvre ces notions. Peut-être aurez-vous envie de créer votre boîte. Maîtriser ces notions sera alors indispensable. Et puis, c'est intellectuellement vivifiant d'appréhender d'autres modes de réflexion.

Un dernier mot pour la route

Vous allez quitter le lycée. N'ayez pas peur, ayez confiance en vous. Ouvrez les yeux et les oreilles, soyez curieux, à l'affût.
Comme tout le monde, vous vous tromperez, vous échouerez, recommencerez, changerez d'idée, de souhait, aurez de nouvelles envies. Ce n'est pas anormal. C'est la vie.
Se tromper, ce n'est pas grave. C'est une leçon douloureuse, mais ce n'est pas grave si tu apprends de cette erreur.

Littéraires, le chemin serait peut-être long, non pas parce que vous avez un profil littéraire, mais parce que trouver le chemin qui mène à soi c'est une entreprise longue, c'est l'affaire de toute une vie


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Benoît Lambourdière
Lycée Jean Jacques Rousseau 1993

Après être sorti du lycée je me suis retrouvé à Marseille ! Et pour cause, je n’ai pas quitté ROUSSEAU après le Bac mais après trois années de classe préparatoire aux écoles de commerce.

Me voici donc en 2000 à Marseille, je décide alors de me spécialiser dans le marketing et de multiplier les expériences dans les cabinets d’études. J’entre d’abord chez ACCEDE une association qui aide les personnes sans emploi à monter des projets de création d’entreprise en réalisant pour eux des études de marché. J’intègre ensuite DPCO un petit cabinet de consulting en marketing qui se trouve à Enghien. Enfin, je rentre chez GFK 4ème cabinet d’études au monde.

Nous voici en 2004 et commence ce qu’on pourrait appeler une traversée du désert. Malgré mon BAC + 5 et mes différentes expériences impossible de trouver un travail dans mon domaine de compétence.

Avec le recul cette expérience m’a permis de reconsidérer mon objectif professionnel et d’élaborer différentes stratégies pour y parvenir. Aujourd’hui je suis en train de valider un master en management des nouvelles technologies de l’information et de la communication à l’université de Cergy.

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Jacques-André PILL
Collège puis lycée Jean-Jacques ROUSSEAU de 1962 à 1970.
Comment résumer ces années ? Une chance inestimable de pouvoir poursuivre jusqu'au baccalauréat, même si à la longue j'étais content de partir. Mais le lycée JJ ROUSSEAU reste un pan entier de ma vie, huit ans c'est long; et pour rendre hommage au philosophe, je dirais "EMILE je t'aimais bien" (sur un air de Brel aussi). Emile ou de l'Education, une oeuvre à part que l'on avait étudiée en Terminale.
A partir de la Seconde j'ai été orienté vers le futur baccalauréat G Techniques Administratives. Bien qu'ayant choisi des études littéraires par la suite, je suis entré en 1975 dans la carrière bancaire dont je ne suis jamais sorti. Les premières notions en Economie et en Comptabilité reçues en section G m'ont bien aidé pour comprendre les rouages économiques en général et ceux à appliquer la clientèle d'entreprises que mon métier m'a permis d'appréhender.
Aujourd'hui je suis responsable commercial d'une clientèle d'entreprises auxquelles la banque prête de l'argent, assiste dans ses financements d'investissements et gère leur trésorerie.
Etre en contact avec des gens grâce à mon travail m'apporte un vrai plaisir que j'ai toujours essayé d'agrémenter d'humour, considérant que cela fait partie des relations entre humains. Pour autant que faire se peut, j'ai toujours essayé de rester un "généraliste" ce qui m'a permis d'être en contact avec des chefs d'entreprise ou des groupes qui couvrent un large spectre d'activités. Sans être rebelle, j'ai toujours détesté devoir agir en ayant des procédures à suivre que je considère toujours comme un handicap à l'action et à l'efficacité. Mais ces contraintes sont nécessaires.
Si je devais donner quelques conseils, je dirais qu'il faut être/devenir et rester curieux à propos de tout: cela ouvre des perspectives insoupçonnées dans la vie de travail comme dans la vie en général.

L'effort ne doit pas être relaché pour progresser. Pour illustrer ceci, j'ai du être "poussé" à l'origine mais je ne regrette pas d'avoir poursuivi des études supérieures bancaires. Outre un avantage pécuniaire, cela m'a permis d'élargir mes compétences et d'accéder à un statut qui répondait à mon désir d'occuper au mieux le temps passé dans la banque. Et l'effort doit être pousuivi tout au long d'une carrière, car sinon l'inadaptation aux nouvelles conditions de travail en perpétuelle mutation nous guette. Et le mal-être qui en découle.
Il convient aussi de se prendre en mains pour les initiatives nécessaires à notre évolution. La différence est grande entre les temps de mes études et aujourd'hui mais plus que jamais, l'initiative personnelle doit primer sur l'assistanat qui infantilise alors que le monde extérieur appelle des gens responsables.
J'ai donc quitté les "Rêveries du promeneur solitaire" et sans avoir encore atteint l'âge des "Confessions", tel Jean-Jacques, je voudrais modestement contribuer au "Contrat social" que représente le passage du lycée au parcours professionnel pour souhaiter BONNE CHANCE aux lycéens et lycéennes.

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Didier Braun.
lycée JJ Rousseau de Sarcelles (1963 à 68)Bac 68
champion d'académie de foot 67!

A vrai dire, pendant ma scolarité sarcelloise, je n'ai pas eu l'impression d'être un littéraire. Dans les années 60, la bifurcation se faisait en fin de 3e. M'étant pris les pieds dans le tapis des maths cette année-là (1965), je me suis retrouvé en littéraire, avec trois ou quatre garçons au milieu des filles (est-ce que cela a changé?).

Au moment du bac (1968, vous en avez entendu parler?), je crois que j'étais bien incapable d'envisager la suite. La seule chose dont je me souviens, c'est que j'avais certainement très envie, depuis longtemps déjà, d'être journaliste sportif. Mais je n'avais aucune idée de la filière à suivre pour cela.

J'aimais l'histoire. J'ai donc fait Histoire. A Censier, à la rentrée universitaire d'après 68, la rue était pleine du monde le jour des inscriptions. On aurait dit une manif. Je me souviens d'une pancarte d'un militant déjà post-soixante-huitard qui disait: "les inscriptions pour le chômage, c'est ici".

DUEL (qui deviendrait DEUG plus tard) au bout de deux ans, licence au bout de trois. Je ne voyais toujours pas la fin de... l'histoire, pour moi qui n'avais aucune envie d'enseigner. Ma chance, c'est que je connaissais un journaliste de L'Equipe. Par lui, j'ai commencé à faire des petits boulots à L'Equipe et à France-Football. A l'époque, c'était souvent comme cela que débutaient les journalistes, sans passer par les écoles de journalisme.

Tout en travaillant - essentiellement le soir et les week-ends - dans ces journaux dont rêvent tous ceux qui aspirent à devenir journalistes de sport, j'ai poussé un peu plus loin du côté de la Sorbonne. Autre coup de chance, au niveau de la maîtrise (aujourd'hui master), j'ai frappé à la porte du professeur de Paris I titulaire de la chaire de relations internationales, M. Jean-Baptiste Duroselle qui m'a proposé un sujet de mémoire ayant rapport avec le sport. C'était la première fois qu'un tel sujet était choisi à la Sorbonne (on ne peut pas dire que dans ces années d'après 68, le sport était très populaire à la Sorbonne!). Je parle de deuxième chance parce que le sujet - forcément nouveau - que j'ai traité (les aspects politiques et diplomatiques de la Coupe du monde de football) m'a permis de me faire remarquer un peu plus... à L'Equipe.

Seulement, les embauches étaient rares à l'époque. Je me suis alors lancé (comme pour patienter, grâce à l'aide que m'apportaient mes parents) dans une thèse de doctorat de 3e cycle, toujours avec Duroselle comme directeur de thèse, toujours sur un sujet sportif (la politique du sport en France entre les deux guerres). Au bout d'un an ou deux de recherches, comme j'ai été enfin engagé à L'Equipe, j'ai stoppé mes recherches, par manque soudain de motivation. Il me semble que mon professeur l'a alors plus regretté que moi.

La leçon que j'ai retirée de cette période, qui doit toujours être vraie 35 ans plus tard, c'est qu'il est très intéressant d'avoir "plusieurs fers au feu". J'avais la chance d'avoir une passion (le sport, mais cela aurait pu être autre chose) qui n'avait a priori pas grand-chose à voir avec mes études. Mais j'ai aussi eu la chance de faire coincider les deux.

Je pense que, si la voie du journalisme avait été bouchée, j'aurais passé les concours administratifs (affaires étrangères ou jeunesse et sport). En tout cas, le bagage universitaire m'a été très utile ensuite, et j'ai même pu me spécialiser à l'intérieur de la spécialité du sport. Je suis assez vite devenu le journaliste (de football surtout) à qui on demandait de traiter de sujets mettant en rapport sport et politique.

Mon parcours professionnel a ensuite ressemblé à une boucle. En 1987, j'ai participé à la création d'un quotidien concurrent de L'Equipe (Le Sport) qui a eu une courte vie. Après une période de chômage, j'ai changé de voie et j'ai créé un service de documentation pour les techniciens du football au centre technique qui se créait à Clairefontaine. Là encore, mes études m'ont été utiles car elles m'avaient permis de maîtriser les outils de la documentation (un stage d'informatique m'a juste permis de m'adapter aux nouvelles techniques).
Enfin, en 1997, je suis revenu à L'Equipe où je suis toujours.
Aujourd'hui, il m'arrive de participer aux "journées des métiers" qu'organise chaque année le lycée franco-allemand de Buc. Quand on a uniquement travaillé en presse écrite, il est certes difficile de faire passer un message à des lycéens désireux de devenir journalistes. La presse connait actuellement un grand bouleversement (Internet, presse gratuite, accès multimédias aux informations...) qui va transformer certainement le marché du travail dans ce secteur. La presse va changer, les journalistes aussi. Il n'empêche que seront avantagés ceux qui pourront disposer d'un bagage important dans plusieurs domaines:
- langues (totalement indispensable);
- culture générale nécessaire;
- quelques secteurs où ils seront plus pointus que la moyenne (ça peut être le sport, mais aussi tous les domaines de la culture, de la technique, de la science, de la politique...) et pourront ainsi avancer des domaines de prédilections auprès des employeurs.

C'est pourquoi j'encourage mes interlocuteurs désireux d'aller dans cette voie des medias: à la fois de se construire ce bagage (la voie universitaire reste un moyen intéressant), de tenter d'entrer dans les écoles de journalisme pour apprendre les bases du métier (comme dans tous les domaines de la communication ou du marketing, il y a de vraies bonnes écoles et des boites qui le sont beaucoup moins), mais aussi d'essayer de trouver des petits boulots (je sais que c'est de plus en plus dur et de moins en moins rémunérateur) qui leur permettront d'apprendre le métier sur le terrain et peut-être de se construire un premier réseau de relations (ça compte toujours).

Un dernier point personnel: j'ai un fils de 21 ans qui a fait des études de philo à Paris I après avoir obtenu le bac français-allemand du lycée de Buc. Il a fait cette année une pause, au niveau du master. Il est actuellement en Sibérie où il apprend le russe. Dans qques semaines, il rentre en France. Je ne sais ce qu'il va faire (le CAPES de philo, c'est un tout petit pourcentage de reçus chaque année, est-ce que ça vaut le coup?...) mais je me dis qu'avec ce qu'il a emmagasiné de connaissances et de culture en fac, plus l'allemand et le russe qu'il maîtrise, il devrait trouver sa voie. Peut-être dans un domaine qu'il n'imagine même pas lui-même: Il paraît que de plus en plus d'entreprises sont en train de découvrir que leurs cadres (souvent des scientifiques ou des commerciaux) ont des carences dans le domaine des sciences humaines et de la culture qui finissent par faire défaut à l'ensemble de ces entreprises. Voilà, espérons-le, des champs d'investigation inexplorés pour les nouveaux "littéraires".

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